Sur la planète bleue, seulement 1 % de l'eau peut être utilisée pour la consommation. L'augmentation de la population et la surconsommation mettent aujourd'hui à mal les réserves en eau. Le manque d'accès à l'eau potable dans le monde peut ainsi générer des risques de conflits et de guerres de l'eau. Point sur la situation mondiale et française, et les solutions pour préserver les ressources.
Encore aujourd'hui, l'accès à l'eau potable dans le monde n'est pas généralisé et pose de nombreux problèmes pour l'alimentation, l'hygiène ou encore l'agriculture. Voici quelques chiffres de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) pour résumer la situation globale dans le monde :
2,2 milliards de personnes n'ont pas accès à des infrastructures sécurisées de distribution d'eau potable.
4,2 milliards de personnes manquent d'accès à des services d'assainissement.
297 000 enfants de moins de 5 ans meurent chaque année de maladies diarrhéiques en raison de la mauvaise qualité de l'eau (un enfant toutes les deux minutes).
4 personnes sur 10 sont touchées par les pénuries d'eau dans le monde.
80 % de l'eau gaspillée dans le monde retourne à la nature sans être traitée ou réutilisée.
L'agriculture est le premier consommateur d'eau mondial avec 70 % de l'eau prélevé.
Une baisse globale des réserves en eau
En 2018, le secrétaire général de l'Organisation météorologique mondiale (OMM) Petteri Taalas, déclare qu'une « grave crise de l'eau » est à prévoir. Les prévisions à long terme sont pessimistes et anticipent une augmentation des pénuries d'eau dans les 20 années à venir. La principale réserve d'eau potable dans le monde est les nappes phréatiques. Or, la consommation d'eau est supérieure aux capacités de renouvellement de celles-ci. En effet, d'après les études réalisées, ce sont déjà etre 15 % et 21 % des nappes bassins versants depuis lesquels l'eau est prélevée qui se trouvent dans un état écologique critique. De plus, la pollution agricole et industrielle constitue un danger pour la qualité des eaux souterraines.
La situation en France
La France dispose d'importantes réserves en eau. D'après le Cieau (Centre d'information sur l'eau), il y a plus de 193 milliards de m3 d'eau disponible par an pour une consommation de seulement 32 milliards de m3 annuel. La France bénéficie d'un climat tempéré avec une pluviométrie généreuse, favorable à la préservation des ressources hydriques. En effet, le territoire français regroupe de vastes chaines de montagnes et de nombreuses nappes souterraines. La nappe phréatique rhénane située en Alsace est la plus grande d'Europe avec 35 milliards de mètres cube d'eau.
Cependant, la fréquence et l'intensité des sécheresses augmente depuis une vingtaine d'années sur le territoire français, fragilisant la situation hydrique. Le niveau des nappes phréatiques en 2022 est particulièrement bas selon le BRGM (Bureau de recherche géologiques et minières). En raison d'une faible quantité de pluie et des températures élevées, la plupart des aquifères en France sont en dessous des moyennes saisonnières. Par conséquent, des mesures de restriction d'eau sont appliquées dans plus de 70 départements et une centaine de communes ont été temporairement privées d'eau potable. Les pays aux climats arides ne sont donc pas les seuls concernés par des problèmes de ressources en eau.
🚰 Manque d’eau dans le monde : les principales causes
La hausse de la population mondiale
En 1900, la population mondiale compte environ 1,6 milliard d'habitants. D'ici novembre 2022, les prévisions annoncent les 8 milliards d'habitants. La hausse de la population s'accompagne également d'une évolution des modes de vie, davantage consommateur d'eau. On observe ainsi une multiplication des prélèvements en eau par plus de 7 durant le 20ᵉ siècle. Certains facteurs entrent également en jeu comme l'urbanisation et le développement des pays. En 1900, 15 % de la population mondiale sont des habitants des villes, aujourd'hui c'est approximativement 55 % (d'après l'ONU). Ainsi, le manque d'eau s'explique simplement : la quantité d'eau consommée est supérieure aux capacités de renouvellement naturelles des différentes sources d'eau.
Le coût de l’eau de plus en plus élevé
Comme la demande en eau grandit, les réserves d'eau faciles d'accès et peu couteuses ne suffisent plus. De plus, tous les pays ne sont pas égaux en termes d'infrastructures de captage, d'assainissement et traitement des eaux. Par ailleurs, l'augmentation des normes sur la qualité de l'eau, malgré leur nécessité, entrainent une hausse des prix de production. Aujourd'hui, les coûts de traitements de l'eau sont plus élevées, car les ressources en eau sont détériorées par la pollution, notamment par les nitrates issus des pesticides.
Les conséquences du réchauffement climatique sur l'eau
L'une des répercussions du changement climatique est la multiplication d'événements météorologiques extrêmes qui perturbent le cycle de l'eau. Les sécheresses, les tempêtes, les inondations et les températures anormalement élevées sont de plus en plus fréquents. C'est pourquoi, les réserves d'eau sont sous tension, non seulement en quantité, mais en qualité, car elles sont affectées par la pollution. Certains écosystèmes, spécifiquement les forêts et les zones humides, dépendent de ces réserves d'eau et sont ainsi menacés. Le réchauffement climatique est donc un danger pour les ressources en eau. Cependant, les conséquences sont en chaine et provoquent d'autres effets. La détérioration des écosystèmes concerne la biodiversité, mais aussi le captage naturel de l'eau, l'agriculture, l'alimentation et la santé.
⚔️ Le risque de conflits liés à l’eau en hausse
Le manque d’eau renforce les tensions entre pays
À l'heure actuelle, de nombreux désaccords existent entre États concernant la gestion des ressources en eau qui traversent les frontières. L'eau est de plus en plus un enjeu stratégique pour l'alimentation et l'agriculture. Ces tensions ne sont pas près de s'apaiser étant donné que les pénuries d'eau sont de plus en plus régulières. À cela s'ajoute également une augmentation de la consommation d'eau au niveau mondial. Ainsi, l'ONU estime que 300 rivières transfrontalières sont susceptibles de devenir des lieux de conflits dans un futur proche.
Où sont les principaux conflits liés à l'eau ? Il n'y a pas encore de conflits majeurs ou encore de guerre de l'eau. Cependant, certaines zones cristallisent les tensions notamment autour du Nil en Égypte ou encore en Turquie avec les fleuves du Tigre et de l'Euphrate.
En effet, le Nil suscite des désaccords entre les 11 pays qu'il traverse et surtout l'Égypte, l'Éthiopie et le Soudan. 160 millions d'habitants ont besoin de cette ressource en eau pour vivre. L'Éthiopie a ainsi un projet de barrage qui inquiète les pays voisins. Par ailleurs, les fleuves du Tigre et de l'Euphrate alimente la Syrie et l'Irak. Cependant, le cours d'eau passe d'abord par la Turquie qui profite de cet avantage pour faire pression sur ses voisins.
Une répartition inégale de l’eau qui génère des conflits mondiaux
L'eau est inégalement répartie sur Terre selon le climat. La quantité de précipitations diffère largement, pouvant aller de 10 000 m³ dans les régions les plus arides jusqu'à 10 000 000 m³ par km² par an dans les zones les plus favorables.
9 pays se partagent 60 % de l'eau douce totale dans le monde : la Chine, les États-Unis, le Brésil, la Russie, l'Inde, la Colombie, le Pérou, le Canada et l'Indonésie. D'autre part, certaines régions manquent d'eau au Proche-Orient, en Afrique du Nord et en Afrique Australe. Des pays comme la Jordanie, Malte, Singapour ou Israël ont peu de ressources, voire aucune.
♻️ Comment limiter le manque d’eau dans le monde ?
La transition vers une économie durable
Les réserves d'eau présentes sur terre sont suffisantes pour subvenir aux besoins de la population. En revanche, la surconsommation, la pollution et le réchauffement climatique font que les ressources viennent à manquer dans certaines régions et à certains moments de l'année. Par conséquent, il est nécessaire de préparer une transition dans les domaines de l'agriculture, de l'industrie, mais également aux niveaux des modes de consommation. Il est ainsi nécessaire de faire évoluer les méthodes d'irrigation agricole pour limiter le gaspillage en privilégiant la technique du goutte-à-goutte par exemple.
La lutte contre la pollution
La pollution est un risque pour la qualité de l'eau. Plus il y a de pollution, plus les opérations de traitement de l'eau pour la rendre potable ont un coût élevé. Une solution indispensable est ainsi de traiter les eaux usées avant de les rejeter dans la nature. Il est également essentiel de réduire les risques de pollution accidentelle en élargissant les règlementations liées aux industries. L'usage des pesticides contenants des nitrates ou encore des engrais azotés pose un problème pour les ressources en eau. C'est pourquoi, il est important de développer des techniques agricoles qui permettent de réduire l'utilisation massive des produits phytosanitaires.
La gestion de l'eau
Une partie importante de l'eau est gaspillée en raison des fuites dans les réseaux de distribution. En France, l'Office français de la biodiversité (OFB) estime que 20 à 30 % des volumes d'eau prélevés afin d'être distribué aux foyers sont perdus. Les infrastructures vétustes sont la cause de ce problème. La gestion de l'eau peut être améliorée de nombreuses façons. La collecte de l'eau de pluie ou encore la réutilisation des eaux usées peuvent diminuer les pressions sur les réserves d'eau. Il est aussi possible de recharger artificiellement les nappes phréatiques avec des eaux usées traitées au préalable.
Agir à son échelle
Pour protéger les ressources en eau, tout le monde peut agir avec quelques gestes qui permettent d'économiser l'eau et d'alléger la facture d'eau. Il est, par exemple, utile de réduire la consommation du lave-vaisselle, de la machine à laver ou encore de la douche.
Les gestes simples pour économiser l'eau
Dans la salle de bain
Il vaut mieux préférer les douches aux bains et éteindre le robinet lorsqu'il n'est pas utilisé. Les chasses d'eau à double débits et certains pommeaux de douche sont également plus économes.
Dans la cuisine
Préférer les machines à laver et laves-vaisselle peu énergivores. Démarrer le cycle de lavage uniquement lorsque les machine sont remplies. Pour ceux qui font la vaisselle à la main, utiliser un bac pour le lavage et un deuxième pour le rinçage.
Au quotidien
L'arrosage des plantes doit plutôt se faire le matin ou en soirée. Le lavage de la voiture requiert moins d'eau avec une éponge ou dans une station de lavage. L'eau de pluie peut être réutilisée pour des usages qui ne nécessitent pas d'eau potable.
Dans la maison
Les fuites d'eau peuvent entraîner des pertes importantes. En effet, un robinet qui goutte occasionne une déperdition de 120 litres d'eau par jour. Une chasse d’eau qui coule résulte en un gaspillage de 600 litres d'eau par jour.
Recycler l'eau de la douche
Plusieurs entreprises proposent aujourd'hui des systèmes pour recycler les « eaux grises » (eau de la douche et du bain). En effet, ces eaux peuvent servir à l'arrosage du jardin ou encore au lave-linge. Ces systèmes fonctionnent généralement avec des filtres, des traitements aux rayons UV et avec un système séparé de l'eau potable pour ces eaux.
❓ L'eau dans le monde : les questions fréquentes
Comment l'eau est-elle utilisée dans le monde ?
Les principaux consommateurs d'eau dans le monde sont l'agriculture (70 %), l'industrie et l'énergie (20 %) et les autres divers usages, notamment domestique. L'agriculture est ainsi très consommatrice d'eau, car elle répond à l'augmentation de la population mondiale, et donc la hausse de la demande en alimentation. Néanmoins, les techniques d'irrigation utilisées dans l'agriculture intensive sont peu efficaces et occasionnent un gaspillage d'eau. En effet, des méthodes comme l'irrigation au goutte-à-goutte permettent d'économiser entre 30 à 70 % d'eau tout en améliorant les rendements. À l'heure actuelle, seuls 2 % des terres agricoles utilisent la méthode du goutte-à-goutte.
Un enjeu important est également l'eau virtuelle, qui désigne toutes les consommations d'eau « invisible » dans le produit final, mais qui sert à la production agricole ou industriel. Par exemple, un kilogramme de viande de bœuf conduit à une consommation de 15 400 litres d'eau virtuelle, tandis qu'un kg de riz demande 1 670 litres d'eau virtuelle. L'eau virtuelle est l'eau que l'on consomme le plus.
Quelle quantité d'eau est gaspillée dans le monde chaque année ?
Il est difficile d'estimer précisément la quantité d'eau gaspillée dans le monde. Il y a plusieurs types de gaspillage à prendre en compte avec les fuites d'eau sur les réseaux de distribution, les pertes liées aux usages domestiques, l'eau inutilisée dans la production agricole et industrielle, etc. Une source de gaspillage d'eau majeure est le gaspillage alimentaire. Tous les ans, environ 300 000 milliards de litres d'eau sont dépensés pour de la nourriture qui n'est pas consommée.
Le gaspillage alimentaire entraine également le gaspillage de ressources précieuses telles que l’eau. Chaque année, plus de 300 000 milliards de litres d’eau servent à produire des aliments qui sont gaspillés selon la WWF. Le gaspillage alimentaire correspond à une perte d'eau d'une superficie de 250 kilomètre cube. Cela représente 100 millions de piscines olympiques ou encore le besoin en eau potable des habitants de New York pour 120 ans.
Qu'est-ce qu'une situation de stress hydrique ?
Le manque d'eau se définit par une situation ou la demande en eau est supérieure aux ressources disponibles. Il faut cependant distinguer trois cas différents selon l'OMS (Organisation mondiale de la Santé) : le stress hydrique, la pénurie et la rareté.
Le stress hydrique correspond à une disponibilité en eau par habitant de moins de 1700 mètres cube d'eau par habitant. Le terme de pénurie d'eau s'applique plutôt aux zones ou la disponibilité en eau par habitant va de 1000 à 1700 mètre cube. Enfin, la rareté de l'eau désigne les régions qui souffrent d'une disponibilité en eau inférieure à 1000 mètre cube par habitant.
Le stress hydrique est avant tout un problème dans les pays au climat aride comme en Afrique, au Proche et Moyen-Orient ou en Asie. Toutefois, les autres pays ne sont pas totalement épargnés et peuvent connaitre des situations de stress hydrique en raison d'absence de pluies, de températures extrêmes ou de sécheresses. Une mauvaise gestion des ressources ainsi qu'une absence d'infrastructures de traitement de l'eau peuvent générer des tensions dans des pays aux climats favorables. Par exemple, la République démocratique du Congo est traversée par le deuxième plus long fleuve du monde. Pourtant, seul 2 % des habitants dispose d'un accès suffisant à l'eau potable.
Quels sont les pays qui consomment le plus d'eau dans le monde ?
Cinq pays consomment environ 60 % de toute l'eau consommée mondialement. En revanche, ces pays peuvent avoir des écarts importants de nombre d'habitants. Par exemple, la Chine consomme 1 207 milliards de m3 d'eau par an pour 1,4 milliard d'habitants. Les États-Unis consomment 1 053 milliards de m3 d'eau par an pour 329 millions d'habitants.
La consommation d'eau par habitant dans le monde est très inégale. En tête du classement : les États-Unis, le Canada et le Japon pour une quantité de 250 litres d'eau par personne quotidiennement. La France se situe dans la moyenne des pays développés au côté du Royaume-Uni, de l'Allemagne et du Luxembourg avec une consommation allant de 130 à 160 litres d'eau par jour et par personne. Hélas, certains pays d'Afrique Sub-Saharienne comme le Bénin ou l'Érythrée se situent aux dernières places du classement avec seulement 10 à 20 litres d'eau par jour et par personne. L'OMS fixe le minimum vital à 20 litres d'eau par personne par jour et le minimum « décent » à 50 litres.