Faut-il boire de l'eau en bouteille ou l'eau du robinet ?

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Face à des eaux en bouteille parfois variables et à un certain manque d'information sur la qualité de l'eau du robinet, la question est plus que d'actualité : vaut-il mieux boire l'eau du robinet ou l'eau en bouteille ? Entre enjeux de santé, pollution plastique et qualité variable selon les territoires, le choix peut est parfois difficile. Pourtant, quelques repères simples permettent d'y voir clair. Et si, avant de remplir son verre, on commençait par vérifier l'analyse de son eau du robinet ?

En résumé :

  1. L’eau du robinet reste globalement très contrôlée en France malgré des non-conformités locales et quelques polluants émergents.

  2. Les scandales 2024 ont montré que l’eau en bouteille n’est pas toujours plus sûre et peut contenir davantage de microplastiques.

  3. L’eau embouteillée est recommandée pour les nourrissons ou en cas de non-conformité locale.

  4. Le bon choix consiste à vérifier les analyses locales et à privilégier le robinet dès que la qualité est conforme.

Eau du robinet ou eau en bouteille : pourquoi on se pose (à nouveau) la question en 2025 ?

Un contexte de méfiance généralisée

Le bilan 2024 du ministère de la Santé1 indique que 74,7 % de la population (50,05 millions d'habitants) était approvisionnée par une eau "en permanence conforme" aux limites de qualité fixées pour les pesticides, sur l'année précédente. 25,3 % de la population française (environ 17 millions d'habitants) pour lesquelles les données sont disponibles ont été alimentés par de l'eau du robinet "au moins une fois non conforme" au cours de l'année 2023. Le problème est que bien souvent, l'alerte au consommateur en cas de non conformité, n’est ni immédiate, ni toujours facile à trouver.

Par ailleurs, la dernière enquête Kantar2 montre que, si 80 % des Français ont confiance dans l'eau du robinet, 33 % jugent les normes et contrôles sur l'eau du robinet insuffisants. Sur l'échantillon interrogé (plus de 3 000 participants), 67 % des interrogés boivent de l'eau du robinet quotidiennement. Ces 67 % sont majoritairement représentés dans la moitié sud du pays.

La méfiance est nourrie en même temps par la diffusion de résultats d'analyses qui ne sont pas toujours parfaits, et par un sentiment d'attente légitime vis-à-vis des politiques publiques. Néanmoins, comme le précise l'association scientifique et technique pour l'eau et l'environnement :

La PRPDE a en effet pour obligation de garantir en permanence la qualité de l’eau destinée à la consommation humaine et notamment les limites de qualité fixées par la réglementation

ASTEE  -Pesticides et métabolites dans les EDCH

Les scandales récents des eaux en bouteille

L'autre versant, et pas des moindres, de la méfiance des usagers concerne l'eau en bouteille. Fin janvier 2024, la presse dévoilait que le groupe Nestlé Waters avait recours à des traitements interdits (filtres à charbon actif, lampe UV, micro-filtration) sur certaines marques d'eaux vendues comme "eaux de source" ou "eaux minérales naturelles". Or, ces traitements sont normalement réservés à l'eau du robinet ou à l'eau rendue potable par traitement

En parallèle, la Sénat français a ouvert une commission d'enquête (2024-2025) pour examiner les pratiques des industriels de l'eau en bouteille, pointant un manque de transparence et des complicités institutionnelles : selon le rapport, l'État aurait été informé dès 2022 que certaines pratiques étaient douteuses. Alors, si les eaux en bouteille n'offrent pas toujours une qualité supérieure et recourent parfois à des traitements comparables à ceux de l’eau du robinet, que privilégier ?

Ce double constat...

...que l'eau du robinet n'est pas exempte de critique, et que l'eau en bouteille ne garantit pas nécessairement une pureté absolue, explique pourquoi le débat "faut-il privilégier de boire l'eau en bouteille ou l'eau du robinet" perdure en 2025.

Eau du robinet : que disent vraiment les données en France ?

Cadre réglementaire et contrôles

Au niveau européen, la Directive (UE) 2020/2184 du 16 décembre 20203 remplace la précédente Directive 98/83/CE relative à la qualité des eaux destinées à la consommation humaine, confirmant l'objectif de "protéger la santé des personnes des effets néfastes de la contamination". En France, cette directive a été transposée via l'ordonnance n° 2022-1611 du 22 décembre 20224 et le décret n° 2022-1721 du 29 décembre 2022, qui modifient notamment le Code de la santé publique.

Le contrôle sanitaire est assuré, d'une part, par les Agences régionales de santé (ARS) et d'autre part, par les distributeurs d'eau potable. Ce système global garantit que l'eau du robinet est l'un des aliments les plus contrôlés en France, avec un suivi du captage jusqu'à la distribution.

Pesticides et métabolites : une pollution diffuse mais encadrée

L'un des points de vigilance sur la qualité de l'eau potable concerne les résidus de pesticides et leurs métabolites. En France, la limite réglementaire fixée pour un pesticide ou métabolite "pertinent" est de 0,1 µg/L, et pour la somme des pesticides et métabolites pertinents, de 0,5 µg/L.

Hop hop hop, pause ! C'est quoi un métabolite "pertinent" (pour les EDCH) ?

Un métabolite est considéré "pertinent" lorsqu'il se comporte encore comme un pesticide et présente des propriétés toxicologiques susceptibles de poser un risque sanitaire réel pour les consommateurs. Lorsque l'Anses ne dispose pas encore d'une évaluation complète, ou que les données manquent, il est automatiquement classé pertinent par principe de précaution, afin de protéger la qualité de l'eau potable.

Un cas emblématique concerne le fongicide Chlorothalonil et son métabolite R4718115 (interdit en France depuis 2020). Des traces de ce métabolite ont été détectées dans l'eau potable, parfois à des concentrations supérieures aux 0,1 µg/L, suscitant des actions de surveillance renforcée. Bien qu'interdit depuis 2020 en France, il arrive de retrouver des traces de ce fongicide et de son métabolite dans les réseaux d'eau !

Le paysage des polluants dans l'eau potable ne se limite pas aux seuls pesticides. On y retrouve aussi les nitrates, les métaux lourds, les substances per- et polyfluoroalkylées (PFAS) et un ensemble de "micropolluants émergents" (résidus médicamenteux, biocides, etc.).

Exemple d'autres polluants : nitrates, PFAS, métaux, substances émergentes que l'on peut retrouver dans l'eau du robinet

Les nitrates

En France, la limite réglementaire fixée pour l'eau destinée à la consommation humaine est de 50 mg/L de nitrates. Cette valeur traduit les risques chez le nourrisson mais aussi les effets à long terme d'une exposition chronique pour les femmes enceintes.

Les PFAS

Les PFAS, aussi appelés polluants éternels, persistent dans l'environnement, feront l'objet d'un contrôle sanitaire obligatoire à partir du 1er janvier 2026 : les 20 PFAS les plus connus devront être analysés dans les réseaux d'eau potable. Certaines collectivités ont d'ores et déjà lancé des campagnes, et des réseaux montrent des dépassements de normes provisoires ou des restrictions de consommation, dans plusieurs départements français.

Les substances émergentes (micropolluants, résidus médicamenteux, etc.)

L'Anses rappelle que ces substances peuvent être présentes en traces dans l'eau potable, mais que les connaissances sont encore limitées : les outils de mesure, les données d'exposition et les normes ne sont pas toujours disponibles ou stabilisées.

Liste des indicateurs analysés

Dans la grande majorité des cas, l'eau distribuée est "potable" au sens réglementaire, ce qui signifie qu'elle respecte les normes en vigueur. Cependant, "potable" ne veut pas dire "parfaite". Les enjeux de fond persistent, notamment sur la gestion des ressources, la pollution diffuse, ou l'émergence de nouveaux contaminants.

Eau en bouteille : pureté naturelle ou illusion marketing ?

Réglementation spécifique des eaux minérales et de source

Les eaux de source et les eaux minérales naturelles proviennent toutes deux de nappes souterraines protégées et doivent être microbiologiquement saines. Leur différence repose surtout sur leur statut réglementaire et les traitements qui leur sont autorisés :

  • L'eau minérale naturelle doit présenter une composition minérale stable dans le temps et ne peut subir que des traitements très limités (comme l'élimination du fer ou du manganèse), jamais de désinfection. Elle est considérée comme naturellement pure. Elle peut avoir des propriétés particulières naturelles comme une forte concentration en calcium ou en magnésium.
  • L'eau de source, elle aussi d'origine souterraine, doit répondre aux mêmes normes sanitaires que l'eau du robinet. Elle ne doit toutefois pas recourir aux traitements de désinfection autorisés pour l'eau potable distribuée. Sa composition peut varier et elle ne peut revendiquer aucune propriété particulière.

Les scandales 2024 : traitements de « purification » interdits

Début 2024, une enquête a révélé que certains producteurs d'eaux minérales vendues comme naturelles avaient recouru à des traitements interdits (la micro-filtration poussée, le charbon actif, la désinfection UV, par exemple) pour pallier des contaminations.

Ces révélations ont suscité la réaction des autorités et déclenché une mission d'information sénatoriale. Le rapport accuse le manque de transparence et évoque un "scandale industriel doublé d'un scandale politique". En pratique, cela remet en cause la promesse commerciale selon laquelle une eau minérale naturelle n'aurait pas besoin d'être "traitée" ce qui, pour de nombreux consommateurs, était un gage de qualité supérieure.

Microplastiques dans l'eau en bouteille

Une étude menée par le laboratoire de l'Anses à Boulogne-sur-Mer6 a révélé que les boissons contenues dans certaines bouteilles en verre contenaient plus de microplastiques que celles conditionnées en bouteille plastique, canette ou brique.

Par exemple : pour les boissons (colas, limonades, thés glacés, bières) en verre capsulé, on a relevé en moyenne une centaine de particules plastiques par litre. En comparaison, dans des contenants plastiques ou canettes, ce nombre est 5 à 50 fois plus faible. Pour l'eau spécifiquement, la quantité est moindre : environ 4,5 particules par litre dans le verre capsulé, contre 1,6 particule par litre dans une bouteille plastique/brique.

Mais alors, d'où vient cette contamination des bouteilles en verre... au plastique ?!

L’étude a permis d’identifier l’origine probable de ces microplastiques : les peintures appliquées sur les capsules métalliques des bouteilles en verre. Les indices, Sherlock ?

  • Les particules retrouvées dans les boissons avaient la même couleur et composition que la peinture des capsules.
  • Des éraflures microscopiques sur ces peintures (probablement causées par les frottements entre capsules lors du stockage) semblent générer des fragments plastiques libérés dans la boisson.

Des tests de nettoyage des capsules avant remplissage ont montré que le nombre de particules par litre se réduisait : d'environ 287 particules/L sans traitement, à environ 106 avec soufflage d’air, et environ 87 avec soufflage + rinçage à l'eau filtrée.

L'Organisation mondiale de la santé (OMS) elle-même reconnaît que microparticules et microplastiques sont quasi omniprésents dans l'eau (robinet ou bouteille), mais qu'à ce jour le risque sanitaire aigu n'est pas établi. En parallèle, pour l'eau en bouteille, certaines recherches indiquent des concentrations de microplastiques parfois plus élevées que dans l'eau du robinet.

Environnement, coût : le match au quotidien

Empreinte écologique

Sur le plan environnemental, le duel tourne vite à l'avantage de l'eau du robinet. L'eau embouteillée nécessite des milliards de bouteilles plastiques à usage unique, dont la plupart sont jetées en quelques semaines. À cela s'ajoutent le transport, le stockage et le recyclage, qui alourdissent fortement son bilan carbone.

Selon les ordres de grandeur issus d'outils publics (ADEME / Impact CO₂), un litre d'eau en bouteille émet jusqu'à plusieurs centaines de fois plus de CO₂ qu'un litre d'eau du robinet.

Coût au litre

Côté portefeuille, même verdict : l'eau du robinet coûte en moyenne moins d'un centime le litre, tandis que l'eau embouteillée peut revenir 100 à 300 fois plus cher. Le prix des bouteilles intègre en grande partie l'emballage, le transport et le marketing. Pour une consommation quotidienne, la différence devient rapidement significative.

Carafes filtrantes, osmoseurs, etc. : vraie solution ou fausse bonne idée ?

Les dispositifs de filtration domestique ont le vent en poupe, mais leur efficacité reste à nuancer :

  • Carafes filtrantes : peuvent améliorer le goût de l'eau, mais devenir un nid à microbes si l'entretien est irrégulier.
  • Osmoseurs : ils sont performants, mais déminéralisent l'eau
  • La filtration par gravité : sans doute le moyen le plus efficace de filtrer l'eau, malgré un entretien qui doit aussi rester régulier

Ces solutions peuvent être utiles, mais loin d'être indispensables, et pas toujours plus sûrs, par rapport à l'eau du robinet qui est régulièrement contrôlée.

Cas particuliers : bébés, femmes enceintes et personnes fragiles

Nourrissons : ce que recommandent l'Anses et les autorités

Pour les tout-petits, la règle est simple : priorité à une eau embouteillée portant la mention "convient à l'alimentation des nourrissons". Elle doit être faiblement minéralisée (résidu sec < 500 mg/L) et très peu chargée en nitrates (< 10 mg/L).

Les autorités rappellent également de ne jamais utiliser une eau filtrée (carafe, osmoseur, filtre sous évier) pour les biberons, car ces dispositifs peuvent modifier la minéralité ou favoriser la contamination microbienne.

Peut-on utiliser l'eau du robinet pour les biberons ?

Oui... mais sous conditions strictes. Les recommandations officielles des "1000 premiers jours" indiquent qu'une eau du robinet conforme peut être utilisée, à condition de respecter quelques gestes d'hygiène : faire couler l'eau quelques secondes, n'utiliser que l'eau froide (l'eau chaude pouvant décoller et entraîner avec elle des particules nocives), et veiller à la propreté du robinet. Avant toute utilisation pour un bébé, vérifiez la qualité locale de l'eau : nitrates, plomb, pesticides ou dépassements récents. En cas de doute, mieux vaut rester sur une eau embouteillée adaptée.

Femmes enceintes, personnes âgées, maladies chroniques

Ces publics sensibles doivent porter une attention particulière à certains paramètres : nitrates, plomb, métaux, mais aussi polluants émergents. Un avis médical personnalisé peut être utile, notamment en cas de pathologie rénale, cardiovasculaire ou d'immunodépression. L'objectif étant de limiter les expositions inutiles tout en maintenant une hydratation suffisante.

Comment vérifier la qualité de l'eau du robinet chez soi (et décider quoi boire) ?

1. Consulter les données officielles

Les résultats du contrôle sanitaire sont accessibles :

  • sur le site du Ministère de la Santé (SISE-Eaux), via une carte par région et commune ;
  • sur Service-Public.fr, via l'outil « Consulter les résultats de la qualité de l'eau du robinet » ;
  • dans les bilans régionaux des ARS, utiles pour comprendre les enjeux locaux.

2. Lire son bulletin d'analyse sans se perdre

Les lignes essentielles à vérifier :

  • Conformité globale : la mention « eau conforme » doit apparaître clairement ;
  • Nitrates : idéalement < 25 mg/L, impératif < 50 mg/L ; < 10 mg/L pour les nourrissons ;
  • Pesticides et métabolites : rechercher éventuels dépassements ponctuels ;
  • Microbiologie : absence d'E. coli et d'entérocoques ;
  • Plomb, PFAS et autres émergents : lorsqu'ils sont mesurés.

3. Choisir sa stratégie selon son profil

  1. Adulte en bonne santé, commune conforme : eau du robinet en boisson principale, bouteille en appoint si besoin de confort gustatif.
  2. Grossesse / nourrisson : eau embouteillée adaptée, l'eau du robinet uniquement si la qualité locale est irréprochable.
  3. Zone à non-conformités répétées : suivre les restrictions préfectorales (NC2), privilégier l'eau embouteillée en attendant les améliorations.

4. Se protéger

L'OMS rappelle que les risques majeurs restent les pathogènes et certaines contaminations chimiques ponctuelles, beaucoup plus que les microplastiques, au risque sanitaire jugé faible à ce stade.

Plutôt que se tourner systématiquement vers les bouteilles, mieux vaut soutenir les actions qui protègent durablement la ressource (réduction des pollutions agricoles, modernisation des réseaux, protection des captages).